Vivre à Cusco… partie 1: S’adapter

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Voilà bientôt trois mois que nous avons quitté la France. Trois mois que l’on voyage, que l’on sillonne l’Amérique du Sud à travers monts et vallées, trois mois que l’on vit tous les jours une nouvelle aventure. Pourtant, de rencontres en galères, de surprises en changements de plans, on commence à prendre nos marques. Voici comment, au fil des jours, la vie s’organise pour quatre voyageurs à peine débarqués dans Cusco, et se sentant, peut-être un peu présomptueusement, déjà Cusquéniens…

Cusco

Ancienne capitale des Inca, Cusco est aujourd’hui celle du tourisme au Pérou. Et pour cause, c’est une ville magnifique et extraordinaire que tout voyageur passant dans la région se doit de découvrir. Protégée à 360° par de hautes montagnes aux silhouettes rassurantes, la 3ème ville péruvienne s’étale dans la vallée, abritant en son coeur les vestiges de l’historique cité. Là, les maisons aux fondations de pierres asymétriques, si caractéristiques de l’architecture inca, se serrent les unes contre les autres depuis plus de 500 ans, formant ensemble le dessin d’un gigantesque puma visible uniquement depuis le ciel. Comme décapitées à hauteur d’épaule, voir au 1er étage (segundo piso), elles sont complétées par un deuxième étage de style colonial, dont les boiseries souvent colorées créent un effet de contraste saisissant avec la douceur de la pierre.

Marcher à travers les ruelles du quartier de San Blas, vides après 1 heure du matin, est une expérience indescriptible. Tel Arianne ayant perdu son fil, on se plaît à errer joyeusement d’une rue à un escalier, d’une petite place à un ruisselet, longeant les rigoles qui scindent la chaussée en deux rives d’un mini fleuve à présent tari. Gare à celui qui n’est pas acclimaté à l’air des hauteurs ( ce qui n’est plus notre cas ! ), les 3600m d’altitude et la pente des rues peuvent rapidement avoir raison de son souffle… Eclairés par les milles lumières de la ville, on tombe parfois sur un dessin gravé à même le pavé ou sur une impressionnante pierre à 12 angles.

Le décors de la calle Chapparo, à l’autre extrémité du centre, est à peine différent. Fort heureusement pour nous, c’est ici que nous avons décidé de poser nos sacs et d’y établir notre campement, pour un gros mois et trois petits jours.

Le Nid

Comment décrire notre appartement ? De style minimalo-vieillot, pourvu de grandes baies vitrées avec vue sur les voisins à en faire déprimer Renan Luce et de moult canapés couleur méchante tourista à motif floral, il nous a été livré sans ampoule et sans vaisselle mais avec télé cablée et blender deluxe. Pas de panique, en parfaits petits designers nous avons très vite entrepris la re-décoration du lieu, à notre sauce.

Rien à faire malheureusement pour la couleur des canapées, mais nous avons camouflé le vilain jaune potiron des murs du salon avec tout ce qu’on a trouvé de feuilles de papier. Notre carte du Pérou, devenue bien inutile, a tout de même permis de combler les vides. Ce nouveau support nous sert à présent de tableau de brainstorming sur lequel les idées qui nous passent par la tête peuvent être couchées à tout moment. Une multitude de post-it multicolore vient achever le tableau, tel une nuée d’oiseaux exotiques venus nous susurrer à l’oreille les détails de notre prochain projet.

Heureusement il y a une… (roulements de tambours) …TERRASSE ! Ainsi, petits chanceux que nous sommes, nous pouvons sans bouger de chez nous admirer une vue panoramique de tout Cusco, église San Pedro au premier plan. Les perspectives de tuiles qui partent dans toutes les directions ( on a compté pas moins de 11 églises visibles depuis un même point du toit !) nous consolent amplement des petits défauts de notre appart’, auquel on s’est déjà attaché.

Pour tromper le silence de nos 100m2, nous avons disposés, bien en évidence, nos deux guitares, le tambour offert à Quentin pour son anniversaire et notre didgeridoo. Et, comme ça ne nous suffisait pas, on a acheté en plus une paire d’enceintes. (300watts).

Il est temps de réarranger tout ça. On déplace les canapés, on enlève les tables, on cherche, on hésite, on argumente, en quête du cocon idéal. L’un veut garder la télé, l’autre trouve que ça manque de convivialité, un 3ème a besoin d’une chaise pour sa chambre, le dernier n’aime pas l’orientation de la lumière. Quand enfin on se met d’accord, notre nouvel appart ressemble déjà à une scène de lendemain de soirée. Nos sac éventrés dans les chambres on laissé échapper nos 18kg d’affaires, aussitôt éparpillés sur toute la surface du loft. Crayons, carnets de croquis, bobines de fils à bracelets brésiliens, jeux de cartes, bonnets péruviens, appareils photo et leur lot de cables et chargeurs ont prit le contrôle des lieux.

Il va falloir s’organiser.

Vivre dans la Ville Blanche

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Bien logés, bien nourris, au chaud dans cette ville haute en couleurs, les premières impressions sont pourtant un peu décevantes. Après s’être perdu plusieurs fois on décide de rester plus ou moins dans le même quartier pendant tout le séjour, ce qui rend le trajet (pour aller au centre) légèrement répétitif. Une fois arrivés au coeur d’Arequipa, on doit slalomer entre des groupes de touristes et les agences de tourisme qui nous happent à propos du Cañon del Colca. Cela devient oppressant. On rêve de la « petite » Nazca, des journées passées sur le toit et des soirées bourrées d’énergie. Allez, on arrête de regretter, et puis de toute façon, il va bien falloir s’y faire à cette Ciudad Blanca, puisqu’on s’y installe une bonne semaine.

Le lendemain, on retente notre chance, cette fois-ci sans Quentin, puisqu’il restera cloué au lit. En effet il a remporté la medaille d’or de la tourista. Il faut dire qu’il l’aura un peu cherché, à vouloir manger la salade crue et boire l’eau sans pastille magique. D’ailleurs en restant dans le même sujet, Félix a gagné la medaille d’argent et nous avons tous fièrement donné la medaille de bronze a Pierre; pour l’instant j’ai été épargné, ouf! Revenons à nos moutons. Nous avons donc décidé d’affronter Arequipa. Nous faisons les foufous et allons plus loin que le centre, jusqu’à atterir dans un parc. En réalité, futés que nous sommes, nous n’avons pas trouvé l’entrée, alors on l’a contourné. Il est immense et il y a énormément d’animation a l’intérieur ainsi qu’a l’extérieur du parc. Derrière les grilles (puisque nous n’avons toujours pas trouvé l’entrée), des groupes de péruviens se tassent autour un homme avec un micro relié a un mini-groupe electrogène. Il interroge le public, le fait rire et danser. J’insiste bien sur le fait qu’il n’y ait que des péruviens autours de lui car 2 minutes après nous être joints à l’audience, « l’humoriste » repère tout de suite nos 3 petites têtes blanches et nous demande d’où nous venons (en espagnol). Pierre repondra fièrement « Roger » croyant qu’il nous demandait « comment on s’appelait ». Le public n’ayant pas tout a fait compris ce qu’il se passait décide tout de même de nous applaudir. 200 péruviens qui nous applaudissent, ca fait un drôle d’effet, et on continue notre chemin avec encore plus d’énergie qu’avant. L’altitude se fait sentir, et on a l’impression que toutes les rues montent. On est vite fatigués et on décidera donc de rejoindre notre gagnant dans notre chambre/garage. Demain sera un jour nouveau.

En effet, Quentin est guéri, et nous nous faisons une bien meilleure idée d’Arequipa. On commence la journée par une partie de barbu, ce qui deviendra par la suite une sorte de rituel, car tous les matins un barbu s’impose. On décide aussi de se couper les cheveux, ou plutôt les côtés de la tête. Quentin est notre coiffeur a tous les trois. Apres une bonne tonte, on affronte la ville encore une fois, cette fois-ci à quatre. Il fait beau, on est heureux, on siffle, on chante, on fait du beatbox, on est plein d’ambition. Tout d’un coup, une idée brillante nous vient a l’esprit, il faut absolument que nous montions un groupe de musique, avec les moyens du bord. On passe devant un marchand de matériel ouvrier. Apres plusieurs essayages, on lui prend un tube en PVC… Oui, un tube. Car mine de rien, avec un tube, on peut faire beaucoup de choses comme un didgeridoo ou encore des shakers remplis de grains de riz. On s’entraine toute la soiree. Notre groupe se formera donc ainsi: Félix et Quentin au percussions, Pierre au chant et moi au didgeridoo.

Le soir en revenant a Yunta Wasi, nous croisons un groupe de français, plus agés que nous, qui logent dans le même hotel. Je crois bien qu’on leur a fait un peu pitié puisqu’ils nous offrent a boire et a manger, même La Mama nous prépare un magnifique plat de spaghetti avec une sauce au basilic fait maison. Que se passe-t-il? Avons nous des sales têtes?? Sentons nous mauvais??? On ne le saura jamais.

Les jours suivants commencent à être vraiment agréables. On a la tête dans les nuages, on se sent bien. On attaque avec une partie de barbu sur la pelouse, sans oublier de se faire dévorer au passage par des méchantes mouches/moustiques. On check nos mails et on aperçoit quelques nouvelles de nos parents qui nous disent qu’il faudrait penser à travailler un jour. On redescend sur Terre. Pendant que le pollo cuit au barbecue, on fait un brainstorming. On cherche une voie pour notre projet de voyage. Plusieurs idées viennent à l’esprit et tout commence à se concrétiser. Seulement il nous faut voir plus pour avancer. C’est déjà un bon début. C’est aussi le moment d’organiser la suite de notre voyage. On sort toutes nos cartes et tous nos guides. Ca y est, tout est préparé à la semaine près. Mais revenons à notre pollo. Il est divin. Nous commençons a devenir des chefs remarquables. Quelques jours avant nous avions déja réalisé un lomo saltado avec des frites baignées dans l’huile, miam! On retourne au marché du coin, on goûte des fruits et légumes étranges. On s’imprègne de plus en plus de la culture péruvienne. On se sent aussi plus à l’aise qu’auparavant. On est à l’aise mais durs en négociation. Plus un seul « sol » ne nous échappe. On prolonge la journée par un arrêt dans un resto du coin. Sur notre chemin, on croise une femme qui vend des anticuchos, brochettes de viande d’alpaga et de pollo. Le goût est incroyable, surtout avec la petite sauce pimentée. Cela nous a mit en appétit. Direction le resto au menu à S/3,50. Oui, oui, vous avez bien lu « menu à 1 euro ». Et pour cette somme, nous avons le droit à une soupe en entrée, un plat chaud toujours accompagné de riz et un maté de coca pour finir. Parfait! Surtout que l’endroit est chaleureux et bondé de péruviens. Cela deviendra notre restaurant fétiche, puisqu’on y retournera 4 fois! Allez, on continue la soirée avec José cette fois-ci, et on s’arrête dans un bar aussi très typiquement péruvien. Nous prenons tous des Arequipeñas (bières locales) tandis que José prend un Macchu Picchu (cocktail à base de pisco complété par de la menthe, de la grenadine et du jus d’orange). Il nous fait goûter, c’est délicieux!!

Décidement, on est vraiment bien a Arequipa. La ville est belle et vivante, la famille qui nous loge est adorable, et la nourriture est aussi différente de la notre qu’exquise. Finalement on en gardera un bon souvenir de la Ciudad Blanca, c’est sûr. Et c’est pas fini…

Virée à Ica

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Coincée entre le désert et les flancs de la cordière des Andes, c’est une ville plutôt agréable, animée et chaleureuse, dans tous les sens du terme.

Peu de touristes, les gens se retournent sur notre passage. On se perd dans les rues bondées d’un marché, les bras serrés autours du sac photo, au hasard ou bien guidés par notre instinct, les flux de personnes et par les éventuelles rencontres ( attention gringo, si tu continues par là tu vas avoir des embrouilles ! nous prévient une passante ) avant de se poser à l’ombre du musée regional, où les momies Inca aux cranes déformés nous dévisagent encore davantage.

Le moto-taxi, véhicule emblème de la région, nous aura permis de faire l’allez retour de Huacachina pour 6 soles… Une bonne affaire ? Mystère, on ne connaîtra pas le prix « local ».